Incontestablement le chasseur le plus célèbre de l’aviation japonaise, le Zero est un avion qui a fait sensation à ses débuts, mais qui n’a pu évoluer au rythme des innovations américaines, en partie parce que les Japonais étaient trop confiants en leur suprématie, et pensaient terminer la guerre en quelques mois, surpris par tant de victoires faciles. Il n’a d’ailleurs pratiquement pas changé, de sa version A6M2 (1940) à la version A6M7. Ceci contribuera peu à peu à ternir sa carrière, commencée par le magistral coup d’éclat japonais à Pearl Harbor, fin 1941.
Tout commença en mai 1937, lorsque la marine sollicite les deux firmes Nakajima et Mitsubishi pour élaborer un chasseur embarqué, dans le cadre du programme 12-Shi. Le chasseur embarqué A5M1 vient à peine d’être livré aux premières escadrilles que déjà, la Marine demande un nouveau chasseur. Les exigences sont très hautes pour l’époque : la Marine souhaite avoir un chasseur dont la vitesse maximale serait de 500km/h à 4000m, une montée à 3000m en un peu plus de neuf minutes, une autonomie de 6 à 8h de vol en vitesse économique, avec réservoir largable, un armement de deux canons de 20mm et de deux mitrailleuses de 7,7mm plus deux bombes de 60kg, décollage en moins de 70m avec un vent de 27 nœuds, une maniabilité au moins égale à celle du A5M.
Pour la firme Nakajima, il est impossible de réaliser un tel chasseur. Le concepteur Horikoshi relève le défi pour Mitsubishi. Et il y parvient, en dépassant toutes les espérances ! En avril 1939 vole le premier prototype, et peu à peu, toutes les exigences sont atteintes, voire dépassées. Quelques changements, comme l’adoption d’une hélice tripale au lieu d’une bipale, et le remplacement du moteur Mitsubishi Zuisei 13 de 780 CV par un moteur plus performant de 980 CV amènent la Marine à demander la construction en grande série de ce chasseur, en juillet 1940. Les premiers modèles rejoignent directement une escadrille en Chine, où ils font sensation ! Les chasseurs qui continuent de sortir des usines sont alors affectés aux porte-avions et joueront un rôle majeur dans le début du conflit entre Américains et Japonais. A partir du 65ème avion, les bouts d’aile deviennent repliables, pour gagner un peu d’espace dans les hangars, ce sont les modèles 21. Un peu plus de dix mille Zero furent construit, en plusieurs versions. Les versions embarquées furent les suivantes : A6M2b modèle 21, A6M3 Modèle 32 (moins d’autonomie, mais un plus haut plafond, une plus grande vitesse et un meilleur moteur, délivrant 1100 CV à 2850m), A6M3 Modèle 22 (quasiment aucune modification), A6M5a (légèrement plus rapide, moins d’autonomie, les canons sont alimentés par plus d’obus : 125 au lieu de 60), A6M5b (aucun changement sauf une mitrailleuse de 13mm qui remplace une des deux mitrailleuses de 7,7mm). Sur la fin du conflit, les Zero étaient totalement dépassés et redoraient d’ailleurs plus leur blason au travers d’attaques kamikaze que grâce à des combats tournoyants bien menés.


Spécifications

Envergure : 12,00m
Longueur : 9,05m
Hauteur : 3,05m
Poids à vide : 1754kg
Poids total en charge : 2421kg
Surface alaire : 22,438 m2
Vitesse maxi : 533 km/h à 4550m
Vitesse de croisière : 333 km/h
Vitesse d’atterrissage : 120 km/h
Vitesse de décrochage en air calme, à 100m, lisse : 120 km/h
Vitesse de décrochage en air calme, à 100m, volets atterrissage : 100km/h
Dégâts structurels : au delà de 640km/h
Vitesse de meilleure montée : 200-210km/h
Vitesses de meilleur virage (corner speed, à 4G, en fonction de l'altitude) : 300km/h (50m), 310km/h(500m), 315km/h (1000m), 332km/h (2000m), 350km/h à 3000m, 367km/h (4000m), 385km/h (5000m)
Durée d'un virage de 360°, à la corner speed, sous 4G : entre 14 secondes (50m) et 18 secondes (5000m)
Temps de monté à 6000m : 7min 27sec (6min 30sec à 220km/h, 95% de gaz)
Plafond : 10000m
Capacité carburant normale : 518L
Capacité carburant maximale : 848L
Autonomie normale : 1870km
Autonomie maximale : 3102km
Armement : 2 mitrailleuses de 7,7mm dans le nez (500 coups, 30sec de tir) ; 2 canons de 20mm dans les ailes (60 coup, 7sec de tir) ; 2 bombes de 60 kg ou une bombe de 250 kg ; un réservoir largable de 330L.
Moteur : 1 Nakajima NK1C Sakae 12, 14 cylindres, puissance de 950 CV à 4200m, entraînant une hélice tripale métallique Sumitomo-Hamilton de 3,05m de diamètre.


Concernant l’armement, l’essentiel de la puissance de feu du Zero provient de ses deux canons de 20mm. Chaque canon tire 17 obus par seconde, ce qui représente 2,24kg de projectiles par seconde. Soit une énergie de 308 kW pour les deux canons. Les mitrailleuses quant à elles crachent 33 balles par seconde, soit 380g de métal, pour une énergie délivrée de 106 kW. Ainsi, lorsque le pilote ouvre le feu, il communique à ses balles une énergie de 414 kW. Est-ce beaucoup, est-ce peu ? Comparé aux autres avions, et surtout à ses principaux adversaires, c’est bien faible. Le Wildcat F4F-3 délivre 920 kW d’énergie avec ses quatre mitrailleuses de 12,7mm, le Corsair F4U-1 est encore plus menaçant avec six mitrailleuses de 12,7mm, projetant plus de 1300 kW devant son collimateur. Tous les autres chasseurs américains sont plus récents, et leur puissance de feu dépasse souvent les 1400 kW.

Au niveau de la vitesse, un Wildcat a un avantage qui va jusqu’à 30 km/h en dessous de 2500m, face au Zero. Au dessus, les deux avions se valent.
Le Zero monte mieux (1 à 2m/s) que le Wildcat, en dessous de 320 km/h et à n’importe quelle altitude. En virage, aucune surprise, le Zero tourne beaucoup mieux que le chasseur américain, en restant à une vitesse pas trop élevée (370 km/h à 1000m).
Face au Corsair, les écarts sont encore plus marqués. Le F4U est une fusée comparée au Zero (au moins 100km/h plus rapide à 100% de gaz, et ce à toute altitude). Le moteur de plus de 2200 CV n’y est peut être pas pour rien, face au poussif 980 CV japonais. Le Zero monte un peu mieux, en dessous de 240km/h, donc à faible vitesse. Mais très vite, le Corsair se montre impressionnant, avalant plus de 4m/s au Zero, à 320 km/h, et cela ne fait que s’accroître avec la vitesse. Par contre, au dessus de 1000m, le Zero a théoriquement l’avantage et gagne plus d’altitude que le Corsair. Il faut donc un savant dosage si jamais un Japonais veut grimper au cours d’un combat, ne pas être trop rapide, tout en essayant de monter le plus vite possible pour voir son taux de montée accroître. Une fois de plus, le Zero est incomparablement plus maniable que le Corsair.
Sans le comparer à un autre avion, le Zero atteint une vitesse maximale (avec 100% de gaz) de 490km/h à 4500m. Au niveau du sol, il atteint 430 km/h. Sa vitesse de meilleure montée est de 200-210km/h, et ce jusqu’à 4000m. Pour un meilleur taux de virage, rester vers 270 km/h. Pour un meilleur compromis taux de virage/perte d’energie/vitesse, rester à la corner speed (entre 300 et 350km/h suivant l’altitude).

En résumé, face à un chasseur américain, il faut surtout rester en virage et tenter d’amener les adversaires en combat tournoyant. Rester en virage aux alentours de 300-350 km/h pour ne pas dégrader les performances de l’avion, tout en restant assez rapide et manoeuvrant. En cas d’attaque rapide, de boom&zoom, un ou deux breaks devraient contenir l’ennemi. Amener l’ennemi au ras des flots peut être intéressant, pousser les Américains au décrochage ou à réduire leur vitesse (aucun boom&zoom possible). Si jamais il faut remonter, toujours le faire à une vitesse faible (moins de 230km/h). Il est plus judicieux de combattre à plus de 2000-2500m un Corsair qu’un Wildcat. Le Wildcat devrait être un adversaire moins corsé que le Corsair ( :P), car il vole dans un domaine proche de celui du Zero, où le pilote japonais peut rapidement l’amener à la faute et à dégrader sa vitesse. Le Corsair, s’il reste bien dans ses bottes, est tout simplement quasi intouchable, grâce à sa vitesse.
Le point fort du Zero réside dans sa maniabilité. Il n’a quasiment que ça pour s’en sortir. Sa puissance de feu semble impressionnante, mais les munitions sont rares, et les canons pas aussi performants que les mitrailleuses américaines. Le blindage est quasiment absent. Autant dire qu’il faut absolument éviter de se prendre une pluie de balles, plus qu’avec n’importe quel autre avion. De plus, les réservoirs d’essence sont situés dans les ailes, et non sous, ou derrière le pilote, comme dans la plupart des autres chasseurs. Or les ailes correspondent à une zone parmi les plus faciles à toucher, pour un chasseur ennemi. Il suffit de quelques balles pour trouer un réservoir et y mettre le feu (si des vapeurs d’essence persistent). Et bien sûr, pour fignoler le tout, le Zero n’a pas de réservoirs auto obturants. Si jamais fuite d’essence il y a, tout le réservoir se videra, sans pouvoir arrêter l’écoulement. Après tout cela, pour vous redonner le sourire, souvenez vous que le Zero est meilleur que le Wildcat. Bon, contre un Corsair, ce n’est pas encore gagné…


Ecorché d'un A6M5b (400ko)





Vue en coupe d'un A6M2b (170ko)



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